COMME AU TEMPS DES CARAVANIERS, EN ROUTE POUR ZAGORA

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La route se faufile entre le Djebel Siroua et le Djebel Bani ; au fond les sommets enneigés du Haut-Atlas
La route se faufile entre le Djebel Siroua et le Djebel Bani ; au fond les sommets enneigés du Haut-Atlas

La route se faufile entre le Djebel Siroua et le Djebel Bani ; au fond les sommets enneigés du Haut-Atlas

Dents acérées dans le massif volcanique

Dents acérées dans le massif volcanique

A Tazenakht, capitale des tapis berbères
A Tazenakht, capitale des tapis berbères

A Tazenakht, capitale des tapis berbères

Relief plissé dans le Col de Tizi-Tagergoust
Relief plissé dans le Col de Tizi-Tagergoust

Relief plissé dans le Col de Tizi-Tagergoust

Villages nichés dans les palmeraies
Villages nichés dans les palmeraies

Villages nichés dans les palmeraies

La petite ville de Foum Zguid, aux portes du désert
La petite ville de Foum Zguid, aux portes du désert

La petite ville de Foum Zguid, aux portes du désert

Avec Talib, escapade dans le Parc National d'Iriki
Avec Talib, escapade dans le Parc National d'Iriki
Avec Talib, escapade dans le Parc National d'Iriki

Avec Talib, escapade dans le Parc National d'Iriki

Quand la N12 se recouvre de sable (en direction de Zagora)

Quand la N12 se recouvre de sable (en direction de Zagora)

A l'approche de Zagora

A l'approche de Zagora

On n'est pas les premiers à faire une halte dans la ville de Zagora

On n'est pas les premiers à faire une halte dans la ville de Zagora

COMME AU TEMPS DES CARAVANIERS,

EN ROUTE POUR ZAGORA !

 

Après quatre jours passés à faire les touristes à Taroudant, c'est sous le regard attendri du réceptionniste de l'hôtel (Hôtel « Tiout ») accompagné d'un « Inch Allah » rempli d'émotion, que nous enfourchons nos vélos après une dernière photo prise en sa compagnie devant l'hôtel.

Il faut dire qu'il connaît bien la région et ses suggestions pertinentes vont nous amener à modifier quelque peu l'itinéraire initialement fixé.

Alors, si comme prévu Ouarzazate constituera bien une prochaine étape, on y arrivera en prenant le chemin des... caravaniers !

En nous dirigeant vers Taliouine, nous pédalons dans la vallée du Souss qui s'étire entre les massifs du Haut-Atlas aux sommets encore enneigés et ceux de l'Anti-Atlas. Le fond de vallée est presque exclusivement occupé par des plantations d'orangers qui, cachées derrière de hauts murs, prennent le nom de « domaine », arborant des entrées toujours bien fleuries et souvent bordées de palmiers.

 

Les récoltes battent leur plein et, à voir les chargements qu'ils tirent, il ne fait pas bon être un âne au pays des oranges !

 

A l'approche d'Aoulouz, les pentes deviennent un peu plus marquées et les eucalyptus et arganiers reprennent du terrain, tout comme les troupeaux de chèvres.

 

La petite ville d'Aoulouz, extrêmement animée, n'a vraiment rien pour attirer – ni pour retenir - les touristes. Alors, débarquer ici à vélo ne passe pas inaperçu, surtout quand, assis sur le bord du trottoir à côté de nos montures, on attend pendant près d'une heure que le patron du seul hôtel de la ville vienne ouvrir son établissement !

Heureusement, comme toujours, le spectacle est dans la rue, et on peut presque dire qu'on n'a pas vu le temps passer, surtout après qu'un vendeur d'oranges soit venu nous offrir deux grands verres de jus gentiment pressé !

 

Quant à l'hôtel, inutile d'en dire plus. Ce soir, ce sera toilette à l'eau minérale, pipi dans une bouteille et dodo dans nos draps et duvets! Ça nous rappelle quelques souvenirs... !

 

Le lendemain, si l'étape s'annonce courte, elle n'en est pas moins sévère : la route, récemment refaite, a banni les lacets pour foncer en ligne droite jusqu'à Taliouine. Les moteurs peinent, certains lâchent, des accidents sont régulièrement à déplorer, bref, un vrai « travail d'ingénieur » se plaît à lancer Mahfoud, propriétaire de l'Auberge « Le Safran » qui nous accueille ce soir – et par ailleurs guide officiel des espaces naturels.

 

En pénétrant dans son établissement, le décor est planté : patio fleuri à profusion, superbes photos qui tapissent les murs... sans oublier le safran qui fait la réputation de la région !

 

Qualifié « d'or rouge de Taliouine », une maison du safran (« Dar Azaafran ») - construite en plein centre-ville - lui est entièrement consacrée.

Bien décidés à nous y rendre le lendemain, il nous faudra pourtant y renoncer car, entre temps, nous sommes entrés en période de « Ramadan » ! Eh là, plus rien n'est pareil, à commencer par un changement de l'heure officielle marocaine qui, pour un mois, se décale d'une heure par rapport à l'heure GMT pour rendre le jeûne plus supportable. Concrètement, il fait jour plus tôt le matin et la nuit arrive plus tôt le soir. Si ce changement nous convient parfaitement puisqu'il nous permet de partir de bonne heure en profitant notamment de l'absence de vent qui – systématiquement – se renforce en cours de journée... la contrepartie est saisissante : beaucoup d'établissements restent fermés ou réduisent leurs horaires d'ouverture, tout tourne au ralenti et il est impressionnant de voir les boutiques fermer à 18H00 !

Alors, on s'adapte... et puisque la « Dar Azaafran » nous est impénétrable, c'est dans une coopérative de production et de commercialisation du safran qu'on s'intéressera à sa production pour comprendre enfin le mystère de son prix : 235 fleurs sont nécessaires pour récolter 1 g de pistil séché, ce qui représente 1 heure de travail pour une personne expérimentée. Ainsi, ça n'est pas la rareté du produit qui justifie son prix, mais bien le coût de la main d’œuvre !

Après deux jours passés à Taliouine, c'est « chargés » de la précieuse épice que nous poursuivons notre route en direction de Tazenakht .

Nous ne cessons de prendre de l'altitude en enchaînant les longues épingles.

La route (N10) se faufile entre le djebel Siroua, massif volcanique aux roches sombres et parfois menaçantes (dents acérées), et le djebel Bani .

Rattrapés par un pick-up chargé d'oranges dans l'ascension de deux cols qui se situent à une altitude légèrement inférieure à 1800 m, nous sommes surpris de voir le conducteur sortir de son véhicule pour nous tendre 3 ENORMES fruits extraits de sa cargaison ! Tout juste le temps de le remercier qu'il saute dans sa voiture et poursuit sa route. Retranchés derrière un muret bien à l'abri du vent, on prendra le temps d'en savourer une, séance tenante. Rien de tel pour se rafraîchir et... pour alléger le poids du cadeau !

Notre route se poursuit sur un plateau rocailleux offrant un paysage de steppe désertique où de rares îlots de verdure cultivés apparaissent par-ci par là au pied des massifs.

S'ensuit une longue descente de près de trente kilomètres à coup de longues lignes droites parfaitement roulantes jusqu'à Tazenakht où on n'a aucun mal à trouver à s'héberger. En cette période de ramadan, l'hôtel, qui fait également restaurant, n'accueille qu'une poignée de touristes qui, à la nuit tombée, se retrouvent devant quelques tables réparties autour d'une piscine au fond joliment peint en bleu azur, mais sans la moindre goutte d'eau ! Comique, mais loin d'être anecdotique !

Ici, nous sommes bien loin des grandes villes touristiques du Maroc, et pourtant Tazenakht est réputée pour être la capitale de la fabrication des véritables tapis berbères. Oui, mais elle le fait en toute discrétion...

Alors, avec la complicité d'un notable du coin, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, nous voilà embarqués dans un taxi qui devient plus que collectif, entassés à 7 dans une voiture !

Et nous voilà partis pour le vieux village de Tazenakht où dans de petites maisons toute sombres, des femmes de tous âges - regroupées en coopératives de production – passent des heures assises à tisser ce qui deviendra de superbes tapis tous plus beaux les uns que les autres ! La jeune maman qui nous accueille ne ménage pas ses efforts pour nous présenter tout ce qu'elles ont fait de mieux, et on sait la remercier pour sa gentillesse.

Sûrement touchée à son tour, c'est avec nos mains remplies de dattes charnues que nous quittons cette attachante famille sous le regard amusé des bambins.

Le lendemain, l'hôtel est encore fermé quand nous prenons la route, non sans avoir repéré la veille les petits couloirs à emprunter pour quitter l'établissement en dehors des heures d'ouverture.

C'est ainsi que sur les bons conseils des uns et des autres, Foum Zguid devient notre destination initialement non programmée.

A l'écart des routes touristiques, on nous promet de l'« authentique », au pied des dunes...

Mais comme tout se mérite, il nous faut déjà gravir notre premier col de la journée (Tizi-Taguergoust – 1640 m) dans un paysage minéral grandiose constitué de roche volcanique suivi d'un incroyable relief plissé. Les arrêts photo se multiplient. A nouveau, on en prend plein les yeux !

Puis, les premières palmeraies font leur apparition en fond de vallée, souvent accompagnées de quelques parcelles irriguées à l'approche des hameaux. Une fois encore, l'habitat – en pisé – se confond avec les massifs montagneux qui les dominent, d'où seuls les minarets, couleur bois de rose soutenu, se distinguent au loin.

A mi parcours, le paysage change radicalement déroulant sous nos yeux une immense plaine rocaillo-sableuse où seuls quelques épineux semblent résister au vent chargé de poussière venant du sud (on l'a en pleine figure !).

Par bonheur, la route, en parfait état, nous permet d'avancer à un bon rythme, franchissant à gué tous les oueds que nous traversons.

Notre étape se termine en longeant l'un d'entre eux dont le lit – extrêmement large et totalement à sec – nous laisse imaginer la Loire dans quelques décennies...

Les premières dunes font leur apparition, tout comme quelques troupeaux de dromadaires broutant des « feuilles » d'acacia. Ça sent le sud ; nous sommes à moins d'une cinquantaine de km de l'Algérie !

Bien installés à l'auberge « Oasis » aménagée dans une ancienne école coranique dont la cour intérieure s'est métamorphosée en un agréable patio tout fleuri, nous profitons de la fin d'après-midi pour flâner dans l'ancienne kasbah, totalement en ruine et désormais livrée aux termites. Avec le  « pisé » au menu, nul doute qu'elles doivent se régaler et ainsi toute la région s'en trouve infestée. On comprend mieux tous ces vieux villages abandonnés, déplacés de seulement quelques kilomètres en ayant désormais recours aux agglos enduits de crépi.

Pour Moustafa, jeune propriétaire des lieux, pas question de bouger d'ici ; il consolidera les murs au fur et à mesure, comme il le fait depuis quelques années profitant également de l'arrivée de technologies innovantes comme les panneaux solaires qui le rendent aujourd'hui quasiment autonome en électricité. Il a des projets plein la tête – mais toujours bien réfléchis.

Avec son cousin Talib, c'est en 4 x4 que nous partons le lendemain matin pour une virée dans le désert du Parc National d'Iriki, suivie d'une nuit sous tente berbère au pied des dunes. De leur sommet, assister au coucher du soleil est tout simplement sublime... Nuit tranquille sans la moindre pollution lumineuse ou sonore. Le rêve !

Après un petit déjeuner digne d'un sultan servi dans ce décor saharien, c'est retour à notre auberge. Le temps de charger nos vélos en nous assurant du bon équilibre de nos sacoches... (comme pour les dromadaires nous fait remarquer Moustafa, sinon ils n'avancent pas!), et nous voilà de nouveau sur nos montures prêts pour une longue étape jusqu'à Zagora.

Quelques kilomètres suffisent pour rejoindre la N12 (qui relie Tata à Zagora) et à peine avons-nous quitté Foum Zguid qu'on s'étonne d'un trafic quasi inexistant ! La route, en parfait état, semble n'être que pour nous. Dommage que le vent ne nous soit pas favorable !

Dans ces conditions, à ce moment de la journée, on s'imagine déjà bivouaquer le soir quelque part dans cet environnement de steppe désertique absolument incroyable.

Pourtant il suffira d'une seule belle courbe de la route pour que tout change. Désormais, nous longeons le Djebel Bani et le vent, à présent de force « plus -plus», nous pousse !

Alors, dans une parfaite synchronisation, on change de braquet, on se redresse et à nous Zagora !

Plus vite que sur des dromadaires, il nous aura finalement fallu 7 heures pour couvrir les 127 kilomètres de cette superbe étape !

Comme pour des centaines de caravaniers au XVIème siècle, Zagora devient notre halte pour trois jours avant de poursuivre notre route, qui s'orientera désormais plein nord, le long de la Vallée du Draa en direction de Ouarzazate !

Une belle route nous attend...

Alors, à très bientôt pour la suite !

Pour info, le compteur affiche aujourd'hui 1873 km, depuis Tanger !

 

 

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F
Me revoilà après avoir lu vos deux derniers messages, enfin ! effectivement je pense que vous allez continuer votre retraite au Maroc !! merci pour vos bonnes nouvelles, et toujours aussi belles, pour les photos. Gros bisous de nous deux et des jeunes
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P
Merci infiniment ce récit passionnant, et ces belles photos ! Que du bonheur que vous partagez avec nous !!! Plein de bisous de Bordeaux 🥰🥰🥰
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B
Pastèques et melons sont un vrai problème au Maroc à cause de la quantité d'eau nécessaire à leur production. <br /> Le gouvernement a prévu d'en réduire la production dans les années à venir. A suivre...
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D
Je ne m'étonne plus de votre amour pour le Maroc !<br /> Au fait, elles sont comment les oranges du pays ?<br /> On trouve déjà aussi des melons du Maroc dans les rayons des supermarchés français.<br /> Bisous amicaux
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